Eglise de France, diocèses et paroisses.

24 janvier 2025

Dimanche 26 janvier 2024
3ème Dimanche du Temps Ordinaire

Cher paroissien, dans le cadre de notre réflexion sur le projet pastoral et économique de notre paroisse, je souhaite vous présenter la situation économique de l’Église de France et les relations entre diocèses et paroisses. Nous examinerons les différents éléments comptables qui entrent en jeu dans un budget diocésain, en nous concentrant principalement sur les charges et les recettes. Tout cela pour mieux comprendre la situation économique spécifique de notre diocèse d’Avignon et des paroisses de notre secteur Notre-Dame du Ventoux que je vous présenterai dans les prochains éditos.

Modèle économique de l’Église Catholique en France

L’Église catholique en France présente une structure hiérarchique et économique complexe et interconnecté. Les diocèses, dirigés par des évêques, sont subdivisés en paroisses qui forment la base de l’organisation ecclésiale. Ce système est caractérisé par une interdépendance financière.

Les paroisses, bien qu’ayant une autonomie relative dans leur gestion économique, sont étroitement liées à leur diocèse. Elles gèrent leurs propres budgets pour couvrir les frais de fonctionnement quotidiens et les activités pastorales locales. Cependant, elles contribuent également au financement diocésain, notamment en reversant une partie des quêtes. Les diocèses, quant à eux, coordonnent les ressources à une échelle plus large. Ils prennent en charge des dépenses communes comme les traitements des prêtres, les salaires des laïcs en mission ecclésiale, et les gros investissements. Dans un esprit de solidarité, les diocèses peuvent aussi soutenir financièrement les paroisses en difficulté.

Le modèle économique de l’Église de France est actuellement marqué par des défis financiers croissants et une nécessité d’adaptation face à l’évolution des ressources et des charges, étant donné qu’elle fonctionne uniquement grâce aux dons des fidèles, ne recevant aucune subvention de l’État ou du Vatican. Ses principales sources de revenus sont :

1) Les quêtes collectées lors des messes dominicales ou des célébrations des sacrements (baptême, mariage), elles servent à couvrir les frais de fonctionnement des paroisses et des diocèses, tels que le chauffage, l’électricité, le téléphone, les fournitures de bureau et les différentes activités paroissiales et diocésaines.

2) Le casuel : Il s’agit des offrandes versées par les fidèles à l’occasion de certaines célébrations, notamment les baptêmes, les mariages et les funérailles.

3) Les bougies et les troncs : Ces revenus non récurrents proviennent des cierges allumés par les fidèles et des dons déposés dans les troncs des églises.

4) Les manifestations ou activités particulières tels que les fêtes paroissiales, les lotos, les kermesses, vente des gâteaux et autres événements peuvent générer des revenus supplémentaires pour des projets bien précis.

5) Les revenus immobiliers : Certains biens immobiliers de l’Église (presbytères, salles paroissiales, etc.) peuvent générer des loyers.

7) Ressources exceptionnelles comme des legs, des donations et assurances-vie, qui permettent de financer les grands projets d’avenir de l’Église.

5) Denier de l’Église : C’est la contribution volontaire principale des catholiques, qu’ils soient pratiquants réguliers ou non. Il permet de financer les traitements des prêtres et les salaires des employés diocésains et paroissiaux.

6) Les offrandes de messes versées par les fidèles qui demandent la célébration d’une messe à une intention particulière (défunt, malade, action de grâce), elles contribuent à la vie matérielle des prêtres.

Ses principales dépenses sont :

1) Traitements et salaires : Les prêtres perçoivent un traitement mensuel d’environ 640€ grâce au Denier de l’Église, plus un complément d’offrande des messes de 450€ issu des intentions des messes particulières et/ou des quêtes obsèques. L’Église emploie également des laïcs en mission ecclésiale et du personnel administratif.

2) Charges de fonctionnement : Elles incluent l’électricité, le gaz, les frais de bureau, et les assurances.

3) Formation : Les frais de formation des séminaristes, des prêtres et des laïcs sont pris en charge par le diocèse.

4) Entretien et travaux immobiliers : Le diocèse doit entretenir les lieux de culte construits après 1905 et réaliser des travaux sur son patrimoine immobilier.

5) Différentes charges comme les assurances, les taxes, les contributions annuelles à la Conférence Épiscopale Française, au Vatican, à la Terre Sainte, etc.

 Ce modèle de financement, bien qu’historiquement stable, montre aujourd’hui ses limites face aux changements sociétaux et économiques. La pérennité du modèle actuel est remise en question, avec une dépendance croissante aux ressources exceptionnelles, comme les legs, pour équilibrer les budgets. Selon une étude, 90 % des diocèses français seraient actuellement en déficit de fonctionnement.

Cette situation précaire s’explique par plusieurs facteurs :
1) la baisse des revenus due à la diminution du nombre de pratiquants et donc des dons réguliers ;
2) l’augmentation des charges, notamment celles liées à la hausse des coûts de l’énergie ;
3) le vieillissement des infrastructures qui nécessite un entretien constant et des travaux de mise aux normes des bâtiments, représentant des dépenses considérables.

L’Église catholique en France se trouve donc à un tournant. Dans les années à venir elle devra faire preuve d’innovation et d’adaptation pour assurer sa pérennité financière tout en préservant sa mission pastorale.

Dans le prochain édito nous aborderons plus en détail la situation économique de notre diocèse d’Avignon.