Dimanche 2 février 2024
Présentation du Seigneur
Chers paroissiens, la situation financière du diocèse d’Avignon traverse une période délicate, marquée par des défis structurels importants et des efforts de redressement conséquents. Depuis plusieurs années, notre diocèse s’efforce de mettre en place une série de réformes visant à atteindre l’équilibre financier, tentant ainsi de sortir du déficit chronique qui nous affecte depuis une dizaine d’années.
Les principales causes de ce déficit sont dues aux dépenses dépassant les revenus disponibles, en partie à cause d’un déséquilibre financier entre les paroisses et l’évêché, d’une baisse significative des legs et des dons, ainsi que d’une pastorale missionnaire courageuse entreprise dans le passé mais aussi coûteuse en ressources financières.
Déséquilibre financier entre paroisses et évêché.
Depuis plusieurs années, le diocèse d’Avignon faisait face à un déséquilibre financier important entre les paroisses et l’évêché, nécessitant une réforme pour assurer une répartition plus équitable des charges. L’évêché assume en effet la majeure partie des dépenses diocésaines, représentant environ deux tiers des charges totales. Sur un budget annuel de fonctionnement de 3,4 millions d’euros, environ 2,6 millions sont consacrés aux personnes (prêtres, laïcs salariés, religieux et séminaristes). Cette « masse salariale » représente la majeure partie des coûts du diocèse (77%). D’autres charges incluent l’entretien des bâtiments et les services diocésains comme la catéchèse ou la communication (16%), les taxes (3%) et autres charges de la vie courante (2%). Malgré ces lourdes charges, l’évêché ne perçoit qu’un tiers des recettes diocésaines. En effet, les paroisses conservent environ deux tiers des revenus, provenant principalement des quêtes, dons, et offrandes. Cette situation a créée un déficit chronique pour le diocèse, estimé entre 1 et 2 millions d’euros par an.
Face à ce déséquilibre, une réforme financière s’est imposée pour assurer une participation plus équitable des paroisses aux charges communes supportées par l’évêché. Mgr Fonlupt, archevêque d’Avignon, a récemment promulgué une ordonnance visant à réformer les finances du diocèse et à créer une péréquation inter-paroissiale. Cette réforme prévoit d’augmenter les versements des paroisses à l’évêché, les portant à 55% des revenus qu’elles perçoivent, notamment des offrandes de casuel, baptêmes, mariages et funérailles, quêtes, cierges et revenus locatifs. Une caisse de solidarité inter-paroissiale a été aussi constituée afin de venir en aide aux paroisses en difficulté. Cette mesure vise à rééquilibrer la répartition des charges et à assurer la pérennité financière du diocèse.
Diminution de don et de legs
Historiquement, le diocèse d’Avignon comptait beaucoup sur les legs pour combler son déficit. Cependant, le montant des legs a considérablement diminué ces dernières années, passant d’une moyenne de 1,5 à 2 millions d’euros à seulement 200 000 euros. Cette chute brutale des legs, observée depuis environ 2015, a eu un impact significatif sur les finances du diocèse. Cette baisse des legs n’est pas un phénomène isolé à Avignon, mais a été observée dans toute la France au cours des dernières années. Face à cette situation, le diocèse a dû puiser dans ses réserves financières, qui se sont rapidement épuisées. Cette crise financière a mis en lumière la nécessité pour le diocèse de repenser son modèle économique et de trouver de nouvelles sources de financement stables pour assurer sa pérennité à long terme.
Une pastorale missionnaire audacieuse mais couteuse.
La stratégie pastorale mise en place il y a 20 ans par l’ancien archevêque d’Avignon visait à revitaliser le diocèse face à la pénurie de prêtres locaux. Cette approche ambitieuse s’est concrétisée par l’accueil massif de prêtres étrangers, l’ouverture d’un nouveau séminaire diocésain missionnaire Redemptoris Mater (dont je parlerai dans un prochain édito), l’intégration de communautés nouvelles et la création de nouvelles paroisses et secteurs pastoraux.
Dans le secteur de Notre-Dame du Ventoux, cette dynamique s’est traduite par l’installation de sœurs missionnaires à Malemort du Comtat, l’ouverture d’un nouveau secteur paroissial à Bédoin avec un curé stable. L’arrivée aujourd’hui du Père Nelson et de moi-même dans la paroisse peut aussi être considérée un fruit de ce choix pastoral. Cette vision a apporté un nouveau souffle à la vie diocésaine, permettant notamment à notre secteur d’éviter la fusion avec la paroisse de Carpentras.
Cependant, cette stratégie a également engendré des défis financiers importants pour le diocèse. Les coûts liés à l’accueil et au soutien de ces nouvelles ressources pastorales ont considérablement augmenté les dépenses diocésaines, incluant les investissements immobiliers pour loger les nouveaux arrivants, les traitements des prêtres étrangers, et le soutien aux communautés nouvelles.
Face à cette situation critique, afin de réduire les charges, plusieurs mesures ont été mises en place, notamment le non-renouvellement des contrats de certains prêtres « fidei donum », la réduction des subventions aux communautés nouvelles, la fermeture de l’école de français pour les religieux étrangers, et le non-remplacement de certains laïcs salariés partant à la retraite. De plus, l’actuelle réflexion sur la réorganisation des territoires et des secteurs paroissiaux s’inscrit dans cette démarche visant à trouver une cohérence pastorale territoriale permettant la mutualisation des forces et le partage des dépenses, notamment celles de l’immobilier.
Chers amis, la mise en œuvre de ces réformes financières apparaît aujourd’hui comme une nécessité pour notre diocèse, permettant une gestion plus équilibrée des ressources et une meilleure répartition des charges entre les paroisses et l’évêché.
Il nous reste désormais d’étudier l’impact de ces nouvelles reformes sur la réalité financière de notre paroisse Notre-Dame du Ventoux.